Paris 12 juin 2025 – Plusieurs associations de défense de l’environnement et du climat, membres du réseau « Rester sur Terre » se mobilisent cette semaine pour dénoncer le Salon de l’aéronautique et de l’espace, qui se tiendra à l’aéroport du Bourget du 16 au 22 juin 2025. En remplaçant des publicités grand format et en affichant sur les panneaux « libre expression » dans le centre ville de Paris, leurs activistes critiquent la tenue de cet événement, présenté comme une démonstration d’innovation dans l’aérien, alors qu’il s’agit en fait de greenwashing et de la célébration d’une croissance infinie du trafic.
Les photos de l’action sont en téléchargement ici (crédit photo Basile Barjon) jusqu’au 23 juin 2025: https://nuage.liiib.re/s/CTB5m4QyHMWoxaP
L’affiche, dans les tons rouges et blancs, montre une terre dévastée encore fumante, survolée par un avion à la trajectoire imperturbable. On peut lire le slogan « Faire du ciel l’endroit le plus polluant de la terre », détournement d’un célèbre slogan d’Air France. En cause : les émissions du secteur aérien international, toujours à la hausse et loin d’être inquiétées. Revendiquée par Action Justice Climat Paris, Attac France, Extinction Rebellion Ile-de-France, Résistance à l’Agression Publicitaire et Rester sur Terre, l’action vise à interpeller le grand public en amont de la tenue du Salon du Bourget, premier salon international au monde dédié à l’aviation. Le sous-texte explicite le propos : « Au lieu de s’attaquer à la menace existentielle que l’aviation fait peser sur notre planète, le Salon du Bourget fait la promotion des carburants de substitution et d’autres fausses solutions, tout en développant une industrie qui met activement en danger à la fois les personnes et l’environnement. Le Salon du Bourget ne vise pas le progrès, mais le profit, quel qu’en soit le prix. »
Les associations dénoncent un événement où règnent les fausses promesses et l’instrumentalisation de la science : « Les solutions technologiques, et notamment les « SAF » (pour « Sustainable aviation fuels »), sont systématiquement mis en avant pour afficher une hypothétique décarbonation du secteur aérien. Pourtant, ils ne peuvent pas être déployés suffisamment rapidement et de manière durable pour juguler la crise climatique. » (1) explique Charlène Fleury, coordinatrice du réseau Rester sur Terre. « En outre, ce sont les émissions cumulées qui sont importantes : il n’est pas suffisant d’atteindre le “Net zéro” en 2050, il faut limiter les émissions cumulées entre maintenant et 2050, ce qui implique de réduire fortement les émissions dès maintenant. »
Loin d’envisager une modération du trafic aérien, le secteur se promet une croissance du trafic de l’ordre de 3% par an, et continue d’orchestrer cette croissance, grâce notamment à des projets d’extension d’aéroports, comme ceux récemment annoncés à Beauvais et Roissy. Aux côtés d’associations de défense des riverain·es d’aéroports, les militant·es pour le climat contestent ces projets et entendent bien les faire annuler, pour leurs impacts climatiques mais également sanitaires. Pour Françoise Brochot, présidente de l’ADVOCNAR, association de défense des riverain·es de Roissy Charles-de-Gaulle « L’exposition constante au bruit, de jour comme de nuit, provoque des troubles du sommeil, du stress chronique, de la fatigue, et un risque accru de maladies cardiovasculaires. À cela s’ajoute une pollution de l’air liée aux particules fines et aux oxydes d’azote émis par les moteurs d’avion, aggravant les problèmes respiratoires, les allergies et augmentant les risques de cancer. Ce projet menace la qualité de vie, la santé et l’avenir des populations qui vivent déjà à l’ombre des avions. » Une pétition adressée à Mme Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a d’ailleurs été lancée, le mardi 10 juin, pour stopper le projet d’extension de Roissy Charles-de-Gaulle. (2)
La coalition d’associations entend également rappeler par cette action, que le développement aérien est aussi profondément injuste. L’avion reste un mode de transport réservé à une minorité aisée. « À l’échelle mondiale, 1 % des personnes sont responsables de plus de 50 % des émissions de l’aviation. Ce sont pourtant les plus pauvres, en France comme dans les pays du Sud, qui subissent de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques, du bruit, de la pollution, et des politiques de transport injustes. » précise Camille Lavelle, porte-parole d’Action Justice Climat Paris.
« Il est grand temps d’empêcher le secteur aérien de verdir allègrement son image lors de grands événements comme le salon du Bourget, dans la presse ou par voie publicitaire. Laisser croire au grand public et aux décideurs politiques que la croissance du trafic est compatible avec l’urgence climatique relève du greenwashing, qui est interdit par la loi. » rappelle Camille Aboudaram, chargée de campagne « Stop pub climaticide » chez Résistance à l’Agression Publicitaire.
Liens :
(1) Lien vers les fiches greenwashing : https://rester-sur-terre.org/greenwashing/
(2) Lien vers la pétition :https://agir.greenvoice.fr/p/stop-extension-roissy