Source: XR France
En France, la mobilisation citoyenne s’intensifie contre l’aérien, pour protester contre la croissance d’un secteur incompatible avec la transition écologique.
En France, avant la crise du covid-19, le secteur aérien était en pleine expansion. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur ont augmenté de 71 % entre 1990 et 2018 et cette tendance se poursuit, faute d’action politique d’envergure pour s’y opposer. Emblèmes de cet essor, une quinzaine de projets d’expansion d’aéroport émaille le territoire. Le cas le plus emblématique demeure celui de l’extension du Terminal 4 de Roissy, en région parisienne. Cette infrastructure pourrait accueillir l’équivalent du trafic d’Orly (40 millions de passagers en plus par an) pour un investissement de 8 milliards d’euros. La croissance du trafic aérien permise par une telle infrastructure verrait les émissions de gaz à effet de serre croître de plus de 40 %, une tendance largement incompatible avec l’engagement de la France d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, inscrit dans la loi énergie-climat adoptée en novembre 2019.
La gestion de la crise du covid-19 a poussé les pouvoirs publics à prendre des mesures d’envergure pour limiter les déplacements et faire respecter les règles sanitaires. Le secteur aérien a été particulièrement affecté par ces mesures qui ont cloué les avions au sol. Cette baisse d’activité drastique a plongé tout le secteur dans une crise économique sans précédent, affaiblissant considérablement des compagnies, déjà sous perfusion publique avant la crise.
Les mesures de sauvetage économique, annoncées par le Gouvernement ont accordé plus de 15 milliards d’euros à l’ensemble du secteur. Cependant, plusieurs voix se sont élevées pour appeler à conditionner ces aides colossales à des engagements forts environnementaux et sociaux. Or, les engagements annoncés, pour l’instant, ne sont pas à la hauteur des enjeux de la crise écologique et sociale.
Par exemple, si Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie, a annoncé “la suppression de lignes aériennes intérieures” sauf pour les liaisons vers des « hubs », et à condition qu’existe une « alternative en train durant moins de 2h30 », le bénéfice climatique de cette mesure demeure quasi nul. Cela ne diminuerait que de 0,5 % les émissions de l’ensemble des vols au départ de la France. Ainsi, alors que la France a l’occasion historique de se positionner comme le premier État européen à prendre des mesures ambitieuses de fermeture de lignes intérieures pour des raisons environnementales, elle accumule encore une fois un retard dans la lutte contre le dérèglement climatique, en soutenant sans conditions un secteur incompatible avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Cependant, la multiplication des aberrations écologiques et sociales du soutien des pouvoirs publics au secteur de l’aérien s’est accompagnée d’une augmentation comparable des mobilisations citoyennes pour les dénoncer. Ces dernières semaines ont été ponctuées de différentes actions, menées par différents collectifs, qui sont appelées à se multiplier dans les prochains mois.
- Le 17 juin, suite à l’appel de différents collectifs à agir contre la réintoxication du monde, les groupes nantais de Extinction Rebellion, ANV-COP21 et Attac se sont installés devant l’aéroport de Nantes Atlantique, munis de banderoles, avions en carton et fumigènes pour bloquer l’accès à l’aérogare et protester contre la réouverture des lignes intérieures.
- Le 26 juin au matin, une trentaine d’activistes d’Exctinction Rebellion se sont introduits sur le tarmac de l’aéroport d’Orly pour empêcher le décollage d’un avion et exiger l’arrêt des vols intérieurs.
- Le vendredi 10 juillet, le collectif national d’ANV-COP21 a appelé à une vaste journée de mobilisation le 3 octobre dans toute la France, appelant à “marcher sur les aéroports” pour protester contre les projets d’extension d’aéroports et contre les aides publiques colossales allouées sans contreparties au secteur de l’aérien.
Ces mobilisations sont à suivre dans les prochaines semaines et prochains mois, et amorcent une réelle prise de position de la société civile dans le débat sur l’aérien, appelant, pour un avenir soutenable, les avions à rester au sol.