11 actions dans le monde entier pour exiger l’interdiction des jets privés
10 Nov, 2022

Des centaines d’activistes, dont 129 scientifiques, ont bloqué 11 aéroports privés internationaux pour exiger l’interdiction des jets privés. 31 arrestations dans le monde.

La mobilisation internationale appelle à l’interdiction des jets privés et à la taxation des grands voyageurs afin de financer l’adaptation au réchauffement climatique et l’indemnisation des pays vulnérables.

Scientifiques et militant·es pour le climat de Scientist Rebellion et Extinction Rebellion ont bloqué plusieurs infrastructures liées à l’aviation d’affaire et protesté contre les jets privés dans onze pays au cours de la première semaine de la conférence des Nations Unies sur le climat COP27 en Égypte. Les aéroports privés de Farnborough et Londres Luton (Royaume-Uni), Berlin (Allemagne), Milan (Italie), Stockholm (Suède), Ibiza (Espagne), Teterboro New Jersey, Charlotte Caroline du Nord, Los Angeles et Seattle (États-Unis) ont été bloqués le jeudi 10, tandis que Schiphol (Pays-Bas) a été bloqué le samedi 5 novembre dans le cadre d’une action de désobéissance civile de masse. Les aéroports privés de Melbourne (Australie), Trondheim (Norvège), Cascais (Portugal), le siège du troisième constructeur mondial de jets Dassault (Paris, France) et le ministère néerlandais des Infrastructures ont également été ciblés. Parmi les personnes ayant pris part aux manifestations, se trouvaient de nombreux·ses scientifiques de diverses disciplines. Les perturbations ont été causées par les manifestants utilisant un éventail de méthodes pour bloquer les entrées de l’aéroport, se verrouillant avec des tubes et des chaînes en acier, se collant aux portes et aux fenêtres et déclenchant des alarmes incendie. Dans d’autres cas, les militant·es ont eu recours aux arts et à la musique. À Ibiza, ils et elles ont joué un sketch pour représenter le mépris et l’arrogance des plus riches tandis que les moins aisés sont en difficulté. 31 manifestant·es ont été arrêté·es puis relâché·es, tandis que 58 ont subi des contrôles d’identité par les forces de l’ordre.

Ces journées d’action s’inscrivaient dans le cadre de la campagne internationale Make Them Pay. Les militant·es ont appelé les dirigeant·es mondiaux réunis à Charm el-Cheikh, Égypte, pour la 27e conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), à interdire les jets privés, qui consomment environ 10 fois plus d’énergie par passager que les avions commerciaux et 50 fois plus que les trains. Les militant·es ont également exigé une taxe sur les grands voyageurs. La fiscalité aiderait à la fois à réduire les émissions et payer les pertes et les dommages, financer la lutte contre le réchauffement climatique et annuler la dette financière des pays les plus vulnérables à la dégradation du climat. Ces demandes intègrent une proposition faite par le Groupe des pays les moins avancés – représentant les pays les plus vulnérables au climat à la COP27 – et ont été soutenues par plusieurs assemblées nationales de citoyens.

Le climatologue Dr Peter Kalmus faisait partie des personnes arrêtées pour sa participation au blocus en Caroline du Nord. « Aujourd’hui, j’ai été arrêté pour la deuxième fois en essayant de faire croître le sentiment d’urgence du grand public sur la dégradation de l’écosystème terrestre », a déclaré le Dr Kalmus.Nous sommes du bon côté de l’histoire, mais il semble que nous soyons en train de perdre, et gravement. Nous avons besoin de renforts, nous avons besoin de plus de scientifiques et de plus de gens engagés dans la désobéissance civile non violente. À ce stade, vous n’avez pas besoin d’être un scientifique pour savoir que jusqu’à ce que nous mettions fin aux combustibles fossiles, chaque été sera plus chaud que le précédent et nous risquons de tout perdre en conséquence. Le mépris général de notre société pour ce fait fondamental me laisse perplexe.

Le Dr Gianluca Grimalda, chercheur en sciences sociales, parmi les personnes arrêtées à Milan, a déclaré : « Pour éviter une catastrophe climatique, les sociétés doivent passer en mode d’urgence. Cela inclut la réduction des émissions liées aux trains de vie luxueux, dont l’empreinte carbone est supérieure de plusieurs ordres de grandeur à celle du reste d’entre nous. Il est inacceptable que les super-riches continuent de sillonner le monde alors que des millions de personnes souffrent des impacts climatiques désastreux.

La Dr Rose Abramoff, écologiste du réchauffement climatique, également arrêtée, a déclaré: “Pendant cette période critique, chaque tonne de combustibles fossiles émise endommage nos systèmes naturels de survie et nous rapproche de points de bascule dévastateurs. Une première étape cruciale pour une transition énergétique sûre consiste à interdire les voyages aériens privés, à taxer les grands voyageurs et à obliger les personnes et les nations riches à payer leur dette climatique aux pays du Sud, aux communautés autochtones et de première ligne..”

Finlay Asher, un ingénieur aérospatial, a déclaré: « L’aviation représente le summum de l’injustice climatique et de l’inégalité des émissions. Seulement 1% de la population mondiale produit plus de la moitié des émissions totales de l’aviation, tandis que 80% de la population mondiale n’a jamais mis les pieds à bord d’un avion. Je ne peux pas rester les bras croisés alors que les émissions de mon industrie continuent de croître et contribuent au carnage climatique qui fait des ravages dans le monde entier. Le fait que les ventes de jets privés soient en plein essor montre que nous échouons totalement en matière de justice économique et climatique. »