- Une étude publiée aujourd’hui analyse la faisabilité et l’impact d’une taxe sur les vols fréquents en Europe.
- Les émissions du secteur aérien diminueraient de 21 %, grâce à un moindre recours à l’avion de seulement 5% de la population.
- 90 organisations et 47 universitaires ont signé une déclaration publique en faveur d’une taxe grands voyageurs aériens dans l’UE.
17 octobre 2024 – Selon un rapport publié aujourd’hui par la New Economics Foundation (NEF), Stay Grounded et d’autres organisations, l’instauration d’une taxe grands voyageurs aériens (TGVA) en Europe permettrait d’augmenter les recettes fiscales liées au transport aérien de 64 milliards d’euros, sans coût pour la majorité des gens.
Cela représente une multiplication par six des recettes fiscales liées à l’aviation européenne, soit l’équivalent d’environ 30 % du budget total annuel de l’UE. Les recettes générées par la seule UE (51 milliards d’euros) pourraient financer 20 % des investissements publics annuels nécessaires à ce que l’UE atteigne ses objectifs climatiques.
Magdalena Heuwieser, chargée de campagne sur l’aviation au sein du réseau Stay Grounded :
« Aujourd’hui, que vous preniez l’avion pour rendre visite à votre famille pour la première fois depuis des années ou que vous le preniez pour la dixième fois pour vous rendre dans votre luxueuse résidence sur la côte, vous paierez la même taxe. Une taxe grands voyageurs aériens serait une mesure équitable qui réduirait le nombre de vols excessifs des passagers fortunés, tout en générant des recettes, notamment pour développer et soutenir le rail et des transports publics abordables. »
Le rapport indique également qu’une taxe grands voyageurs aériens (TGVA) entraînerait une baisse de 21 % des émissions du secteur aérien, essentiellement due au fait que les plus grands voyageurs – 5 % seulement de la population – prendraient moins l’avion.
Sebastian Mang, chercheur senior à la New Economics Foundation (NEF) :
« L’Europe est confrontée à un énorme déficit de financement pour enrayer la crise climatique. Une taxe grands voyageurs aériens pourrait apporter une contribution importante au budget de l’UE et aider à lever des centaines de milliards d’euros de capitaux pour investir dans les transports publics, l’énergie éolienne et solaire, et la restauration des écosystèmes. Dans le même temps, une partie des recettes devrait être réservée à la contribution de l’UE aux pays à faibles et moyens revenus confrontés aux effets les plus dramatiques de la crise climatique. »
Ce rapport est le premier à analyser la manière dont une taxe grands voyageurs aériens (TGVA) pourrait être mise en œuvre dans toute l’Europe, à l’aide d’une modélisation économique réalisée par CE Delft et d’une évaluation juridique effectuée par Adastone Law.
90 organisations et 47 universitaires ont signé une déclaration publique, également publiée aujourd’hui, en faveur d’une taxe grands voyageurs aériens (TGVA) dans l’UE, parmi lesquels Jason Hickel, Greenpeace, Action Aid International et taxmenow.
Stefan Grebe, auteur de l’étude de modélisation économique de CE Delft :
« Une réduction immédiate des émissions de CO2 est nécessaire pour aligner le secteur aérien sur les objectifs climatiques de l’accord de Paris. Sinon, l’aviation risque de contribuer à un dépassement des budgets carbone restants, sans compter qu’elle requiert des quantités disproportionnées d’énergie verte et de terres, ou s’appuie sur des sauts technologiques incertains. »
Le rapport propose l’introduction d’une taxe progressive à l’échelle européenne, dont le montant augmente à chaque aller-retour effectué par une personne au cours d’une année.
Le premier vol aller-retour ne serait pas taxé. En outre, le rapport propose une surtaxe pour les voyages les plus polluants : les vols moyen et long-courriers, ainsi que les sièges en classe affaires et en première classe.
Contrairement à d’autres modes de transport, le secteur aérien est actuellement fortement subventionné. Le rapport recommande de supprimer l’exonération de taxe sur le carburant et de TVA dont il bénéficie actuellement.
Cette mesure, associée à une taxe grands voyageurs aériens, constituerait un moyen socialement juste de lutter contre la pollution excessive causée par les grands voyageurs – qui sont aussi les plus riches, tout en préservant l’accès à des vols occasionnels abordables pour les groupes sociaux à plus faibles revenus.
Marlene Engelhorn, millionaire autrichienne et fondatrice de taxmenow.eu :
« Le club très fermé des riches comme moi qui flambent à 10 000 mètres au-dessus du commun des mortels pour leur petit confort doit fermer ses portes. Malheureusement, la crise climatique, avec ses inondations, ses sécheresses, ses feux de forêt et ses canicules, ne semble pas atteindre ces gens qui se shootent au kérosène. Mais la loi s’applique aussi à ceux qui planent au-dessus des réalités avec leurs pieds chargés de bijoux. Il est grand temps que la démocratie emploie les dernières forces humaines à juguler la destruction inutile que provoque la jet set à laquelle j’appartiens et exige que nous contribuions de manière effective aux coûts de sauvetage de la planète ».
Le rapport s’appuie sur des sondages réalisés en Europe occidentale qui constatent que prendre souvent l’avion est le privilège des plus riches :
- Un peu plus de la moitié des personnes (52 %) ne prennent pas du tout l’avion au cours d’une année donnée.
- En moyenne, seulement 11 % des personnes prennent l’avion plus de trois fois par an.
- 35 % des ménages les plus riches (gagnant plus de 100 000 euros) prennent trois vols aller-retour ou plus par an, contre 5 % seulement pour les ménages les plus pauvres (gagnant moins de 20 000 euros).
- 70 % des ménages les plus pauvres ne prennent pas l’avion au cours d’une année donnée, contre seulement 20 % des ménages les plus riches.
Finlay Asher, ingénieur dans l’industrie aéronautique :
« Il est très clair pour les salarié-es du secteur aérien que sa trajectoire de croissance des émissions est dangereuse. Nous aimons voler et nous aimons la planète, mais notre liberté de continuer à voler à l’avenir est désormais menacée. Il n’est plus possible de nous placer sur une nouvelle trajectoire de réduction rapide des émissions sans nous concentrer sur les grands voyageurs, qui sont responsables de l’essentiel de notre pollution. Ce n’est qu’en ciblant cette toute petite minorité de voyageurs aériens que nous pourrons réduire notre impact sur le climat tout en maintenant l’accès aux services les plus précieux que le transport aérien offre au reste de la société. »
CONTACTS PRESSE :
Magdalena Heuwieser, Stay Grounded / +436703534311 / press@stay-grounded.org
Margaret Welsh, New Economics Foundation / +447776340574 / margaret.welsh@neweconomics.org
Charlène Fleury, Rester sur Terre / +33782791117 / charlene@stay-grounded.org
NOTES À L’ATTENTION DES RÉDACTIONS DE PRESSE :
- Stay Grounded est un réseau de plus de 200 organisations membres dans le monde entier, dont l’objectif est de réduire le trafic aérien d’une manière équitable et sans danger pour le climat.
- The New Economics Foundation est un think tank à but non lucratif. Nous sommes indépendants des partis politiques et nous nous engageons à être transparents sur notre financement.
- CE Delft est un cabinet de recherche et de conseil indépendant qui contribue à la construction d’un monde durable et a une position de leader dans les domaines de l’énergie, des transports et des ressources.
- Adastone Law est un cabinet d’avocats spécialisé dans les transports et fournit une expertise sur les réglementations, notamment pour le secteur aérien.
- Le rapport, Une taxe grands voyageurs aériens (TGVA) en Europe, est disponible sur https://rester-sur-terre.org/taxe-grands-voyageurs-aeriens/
- L’étude d’impact de CE Delft est disponible sur http://cedelft.eu/publications/european-frequent-flying-levy
- La déclaration publique et la liste des organisations et universitaires signataires sont consultables ici : https://rester-sur-terre.org/taxe-grands-voyageurs-aeriens/
Toutes les données relatives à l’impact d’une taxe grands voyageurs aériens sont basées sur l’année de modélisation 2028.
Les données des sondages sont tirées de Europe Talks Flying et de More In Common : https://www.moreincommon.org.uk/our-work/research/europe-talks-flying/