- L’avion, souvent présenté comme un mode de transport pratique et sans souci, est en fait préjudiciable à la santé humaine. Les personnes qui prennent souvent l’avion, comme le personnel de bord, les pilotes et les grands voyageurs, sont particulièrement exposés, mais ceux qui ne le prennent pas en subissent également les conséquences.
- Le bruit des avions peut entraîner de nombreux problèmes de santé. Les plus touchés sont les riverain·es d’aéroports dont le sommeil est perturbé par les décollages et atterrissages nocturnes. Des couvre-feux sont en vigueur dans certains aéroports, mais ils doivent être généralisés.
- En brûlant, les carburants d’aviation libèrent des polluants qui sont à l’origine de milliers de décès prématurés. Les particules ultrafines, qui pénètrent en profondeur dans les poumons et même dans le sang, sont particulièrement préjudiciables à la santé. Il est indispensable d’assurer une bonne surveillance de la qualité de l’air autour des aéroports et de mettre en œuvre des réglementations strictes.
- Le bruit des avions, la pollution de l’air et les problèmes de santé qui en découlent touchent de manière disproportionnée les communautés à faibles revenus et les employé·es des aéroports, parmi lesquels on trouve souvent un nombre important de personnes de couleur et de populations marginalisées.
- Si les progrès technologiques peuvent contribuer à réduire l’exposition au bruit et aux polluants, ces réductions sont neutralisées par l’augmentation régulière du nombre de vols. Sans compter que certaines méthodes d’atténuation du bruit et de la pollution peuvent avoir un impact négatif sur le climat, ou inversement.
La réduction du nombre de vols et l’arrêt des extensions d’aéroports sont les meilleures solutions pour lutter à la fois contre les problèmes de santé et le dérèglement climatique. Les riverain·es d’aéroports, les organisations de santé, le mouvement pour le climat, les associations de protection de l’environnement et les employé·es du secteur doivent s’allier pour parvenir à une réduction équitable du trafic et à un avenir plus sain pour tous.
Rectificatif : une nouvelle version du rapport a été mise en ligne le 27 février 2024, corrigeant une erreur relative aux effets sur la santé liés au bruit à l’aéroport de Francfort.
Comment lutter contre la pollution sonore ?
Des règles plus strictes en matière de bruit !
Dans la plupart des cas, les niveaux de bruit dépassent les réglementations existantes, si tant est qu’il en existe. Une bonne réglementation et son application doivent donc être la priorité.
- La mesure du bruit doit être obligatoire autour de tous les aéroports.
- La cartographie du bruit doit être transparente et les cartes doivent être publiées
- Les niveaux d’exposition moyens autorisés doivent être réduits, et au minimum, ne pas dépasser les recommandations de l’OMS de 45 dB Lden et 40 dB Lnight.
- Une réduction active est préférable à des mesures passives, comme l’insonorisation des fenêtres, qui conduisent à une adaptation forcée où la société doit « apprendre » à « vivre » avec le bruit.
Pas d’avions la nuit !
Les décollages et les atterrissages de nuit sont particulièrement problématiques pour la santé et le bien-être des personnes. C’est pourquoi les vols de nuit doivent être interdits dans tous les aéroports.
Des pratiques opérationnelles améliorées ?
- Des montées et des descentes plus raides et des approches en descente continue peuvent réduire le bruit et les impacts sur la santé. Cependant, les montées plus raides peuvent consommer plus de carburant et exposer au bruit d’autres populations.
- Le contrôle aérien, par la mise en œuvre par exemple de la Navigation basée sur les performances (PBN) peut définir des trajectoires de vol plus directes et donc des opérations plus efficaces. Même si la FAA affirme que la PBN peut aider à concevoir des trajectoires de vol pour éviter les zones résidentielles, il faut veiller à ce que ce ne soient pas toujours les mêmes populations qui soient gênées.
Il est donc particulièrement important de réduire en priorité le bruit dans les zones fortement peuplées en veillant à ce que les trajectoires choisies respectent les principes de justice sociale et environnementale.
De meilleures technologies ?
Si les progrès réalisés dans la conception des avions peuvent contribuer à réduire le bruit des avions de 0,2 dB chaque année, les réductions sont insuffisantes pour compenser l’augmentation continue du nombre de vols. De plus, pour que le secteur procède à ces changements coûteux, il faudra le contraindre par des réglementations strictes et des mobilisations puissantes. Enfin, les développements actuels en matière de moteurs ont plutôt tendance à chercher à améliorer leur efficacité énergétique, au détriment du bruit.
Réduire le trafic aérien !
Le moyen le plus efficace de réduire la pollution sonore est de réduire le nombre de vols. L’interdiction des vols de nuit, des vols long-courriers lourds, des vols supersoniques, des vols court-courriers non essentiels et des vols en jet privé sont de bons moyens pour commencer.
Comment lutter contre la pollution de l’air ?
Diverses mesures peuvent contribuer à réduire la pollution atmosphérique liée au transport aérien, mais les plus efficaces sont la réduction du trafic et l’utilisation de carburants plus propres :
Des règles plus contraignantes en matière de pollution et de particules !
La concentration en nombre des particules est un bon indicateur de la qualité générale de l’air : elle ne devrait pas dépasser les valeurs guides de l’OMS. La surveillance des niveaux de particules (y compris les particules ultrafines) autour des aéroports peut et doit être effectuée pour piloter la régulation du trafic aérien. Les réglementations relatives au transport aérien doivent porter sur l’ensemble des émissions et être conçues de manière à réellement améliorer la qualité de l’air. Ce n’est pas toujours le cas, comme par exemple en France.
Des améliorations techniques ?
Elles peuvent aider mais nécessitent une réglementation pour être adoptées par le secteur aérien :
- Réduire la teneur en soufre des carburants permettrait de réduire les émissions de PUF et leurs effets sur la santé. Alors que les carburants automobiles doivent avoir une teneur en soufre très réduite, le kérosène n’est pas encore soumis aux mêmes exigences. II serait souhaitable d’au moins l’aligner sur les carburants auto.
- Réduire la teneur en aromatiques permettrait de réduire les suies (particules fines et ultrafines) et les traînées de condensation. Le kérosène actuel contient environ 18 % d’aromatiques, niveau qui pourrait facilement être réduit à 8 % dans un premier temps. Continuer à optimiser les moteurs pour réduire les émissions de NOx sans augmenter les émissions de CO2. Toutefois, cela devient de plus en plus difficile.
Les carburants à faible teneur en aromatiques et les moteurs à faible émission de NOx réduiraient également les impacts climatiques des avions autres que celui du CO2, qui représentent les deux tiers du total. La désulfuration des carburants à elle seule augmenterait le réchauffement, mais si elle s’accompagne d’une réduction des aromatiques, on aurait un refroidissement net. La réglementation de la composition des carburants et des émissions des moteurs devrait être une priorité, car ces deux mesures sont techniquement réalisables et produiraient des résultats immédiats. - Limiter l’utilisation des réacteurs au sol grâce au roulage électrique ou sur un seul moteur, et éviter l’utilisation des groupes auxiliaires de puissance (APU) grâce à l’alimentation externe en électricité et air conditionné.
- Les avions électriques ne produisent pas d’émissions directes, mais sont susceptibles d’utiliser de l’électricité d’origine fossile. Les quantités d’électricité nécessaires sont disproportionnées par rapport à l’électricité renouvelable disponible. De plus, pour les prochaines décennies, le poids élevé des batteries restreint leur utilisation aux vols courts, alors même que le rail offre une alternative plus durable sur ces distances.
- Les carburants d’aviation soit-disant durables (CAD, SAF en anglais) sont actuellement mis en avant comme étant la solution au problème du climat. Mais, mélangés aux carburants fossiles, ils ne réduiront que les émissions de suie et de SO 2 , et pas les émissions de NOx et de CO. Et les réductions ne se feront que très lentement, au gré de l’augmentation du taux de mélange : l’UE ne vise que 6 % en 2030, 34 % en 2040 et seulement 70 % en 2050. La production durable de CAD à l’échelle envisagée, c’est-à-dire sans remettre en cause la croissance du secteur, est hautement improbable et pourrait générer de nouveaux problèmes.
- L’avion à hydrogène permettrait éliminerait la plupart des polluants atmosphériques tout en émettant des NOx. Et il est très peu probable que l’hydrogène soit envisageable avant 2050 pour les moyen et long-courriers, sans parler de la disponibilité d’hydrogène « vert » en quantité suffisante.
Réduire le trafic aérien !
Il va sans doute falloir attendre un quart de siècle, voire plus, pour que les solutions technologiques se concrétisent. Pendant ce temps, les gens vont continuer à souffrir de la pollution tous les jours. Sans compter que la croissance du secteur va annuler toutes les tentatives de réduire la pollution. La solution la plus simple et la plus efficace pour réduire la pollution de l’air est de réduire le nombre de vols et d’aéroports.
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